A Wimbledon, on attendait tout le monde (Sampras, ou Rafter, voire le Britannique Henman), mais surtout pas Goran Ivanisevic, Croate de 29 ans, tombé à la 125e place mondiale à la suite d'une méchante blessure à l’épaule gauche, trois fois finaliste malheureux sur le gazon anglais (1992, 1994, 1998). Alors qu’il n’était pas qualifié et qu’il était invité en hommage à sa carrière, Ivanisevic a arraché le titre qui le fuyait au terme d’un incroyable parcours du combattant. Il a eu du mal à atteindre les demi-finales; il a failli ne jamais venir à bout de Henman; il était donné battu d’avance face à Rafter. Résultat: il s’est imposé en cinq sets, au bout de trois heures et une minute où il a fait étalage de sa classe (trop) oubliée. Lui qu’on dit fantasque, inconstant, coléreux, coupeur de gazon en quatre (toutes choses vraies), a montré qu’il disposait toujours d’un bras gauche magique, d’un service hors pair, et qu’il pouvait en imposer aux meilleurs. Goran le fantasque peut redescendre la pente aussi vite qu’il l’a escaladée. Mais il méritait d’embrasser la pelouse de Wimbledon, qu’il a si souvent arrosée de son talent.