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 Voici un grand classique pour se mettre en bouche à une dizaine de jours du Tournoi : tout sur la garrossomanie!

La grande nouveauté de MWW 2003 : la photographe a investi dans un appareil photo numérique! Ainsi, votre servitrice (-teuse) ne reculera plus devant le lourd travail du scanner. Ouf, merci le progrès!

Etes-vous Garrossomaniaques????

 

Hautement contagieuse, cette maladie - connue aussi sous le nom du syndrome de la petite balle jaune -, est apparue en fait au début des années 70. Jusque-là, quelques cas avaient déjà été détectés à Paris, notamment juste au lendemain de la guerre, lorsqu'un Français, Marcel Bernard, enlève Roland-Garros en 1946.

Pourtant, on était loin de l'épidémie qui allait, vingt-cinq ans plus tard, modifier le rythme de vie de certains de nos contemporains. Avec l'apparition d'un dénommé Borg, le mal s'étendra à des couches de la société jusque-là épargnées. Cliniquement, les symptômes sont aisément identifiables le sujet touché perd dans un premier temps - généralement à l'approche du dernier lundi de mai - tout goût pour son travail. Puis, ses lectures viennent à se modifier. Peu à peu il délaisse son journal quotidien habituel pour disparaître de longues heures, avec L'Equipe sous le bras. Ses propos également semblent perdre de leur cohérence. Ses conversations, d'ordinaire sensées, échappent à tout fil directeur, il parle de "set ", de " lift ", d' "  ace", bref sa famille commence à éprouver les pires difficultés pour communiquer avec lui.

A ce stade du développement de la maladie, l'homme ou la femme touchés sont malheureusement condamnés. Il est alors trop tard pour faire quoi que ce soit. Il ne reste plus qu'à soulager ces derniers errements et attendre que le virus disparaisse de lui-même. Comme il est venu.

Car, heureusement, la Garossomania, si elle est chronique, récidivante et incurable, n'est pas une maladie fatale.

En fait ce syndrome, qui est moins bien supporté par l'entourage de sa victime que par le malade lui-même, inconscient de la gravité de son état, atteint le point culminant de son développement pendant les Internationaux de France.

Mais à ce stade de l'étude encore faut-il discerner deux types de Garossomaniaques celui qui se fait greffer un transistor sur l'oreille, qui s'endort le soir avec le serre-tête d'Agassi, et qui ne peut trouver le sommeil qu'après une forte dose de résumé filmé de la journée de compétition, et celui qui, plus touché, fugue, disparaît de son travail et ne peut s'empêcher d'aller à Roland-Garros.

Sans aucun doute, celui-là, souvent Parisien ou pour le moins d'origine citadine, est celui qui connaîtra ensuite le plus de difficultés à retrouver un rythme de vie normal.

Ce Garossomaniaque est en effet prêt à tout pour soulager la fièvre qui le ronge. Ainsi, s'il n'a pu se procurer à l'avance un précieux passe pour pénétrer dans Roland-Garros, notre malade ose tout. Y compris casser la tirelire du petit dernier pour aller chaque matin acheter une place au noir à l'entrée du métro Porte d'Auteuil. Et tant pis si le prix prohibitif de ce sésame prive la chère tête blonde de vacances à la mer. " De toute façon il sera très bien chez sa grand-mère à Limoges", rétorque de mauvaise foi l'odieux géniteur.

Comme vous le voyez, les familles connaissent parfois de véritables drames, qui n'ont souvent d'équivalent que dans certaines entreprises où l'on observe, fin mai, un sérieux dérapage des congés maladie.

Pour conclure, il faut souligner que personne n'est à l'abris d'un tel virus. Des cas de sujet apparemment immunisés à vie, mais qui auraient subitement succombé à une brusque poussée de fièvre, ont ainsi été observés en 1983 à l'occasion du parcours triomphal de Yannick Noah.

La vigilance est donc de règle, même si une étude basée sur plus de vingt ans d'observation prouve qu'il n'y a absolument rien à faire, sinon attendre que ça passe.

 

 

Extrait de Le tennis dans tous ses états
Philippe Maria & Patricia Jolly
Ed. La Sirène, 1993

 

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